TPE

Le Barrage de SIDI SALEM

QUELS SONT SES IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT ?

La Tunisie est un pays à climat aride à semi-aride sur la majeure partie de son territoire. En moyenne, les pluies sont faibles et les ressources en eau sont  rares ; celles-ci sont aussi irrégulièrement réparties sur l’ensemble du pays et en fonction  des saisons.  Le climat est caractérisé par des contrastes saisonniers marqués, pluviométriques ou thermiques.

C’est pourquoi très tôt la Tunisie a mis en place une stratégie de la mobilisation des eaux en surface. D’abord, durant la période coloniale de grands barrages ont été construits, le barrage El-Kébir en 1925, le barrage de Mellegue et de Ben Metir en 1954.

Dans la continuité de ce qui a été entrepris, de  grands ouvrages ont successivement vu le jour. A partir des années quatre vingt, et afin de répondre à une demande en eau de plus en plus croissante, cet effort s’est intensifié. Les barrages de Sidi Salem sur la Mejerda, le barrage de Joumine dans le bassin de l’Ichkeul, le barrage El Houareb sur Marguellil, le barrage de Lebna au Cap‑Bon, le barrage de Sidi Saad sur l’oued Zeroud et en fin le barrage Siliana ont été mis en eau.

Dans ce contexte, et suite aux  inondations qu’a connues la Tunisie en Octobre 2018, les barrages ont été  pointés du doigt par l’ensemble des Médias. Justement, les inondations qui ont à maintes reprises concerné la Tunisie, surtout au cours des cinq dernières décennies, ont amené à chaque fois les médias et l'opinion publique à poser la question du rôle des barrages et leurs impacts sur l’environnement.



En effet, si on admet que les barrages contribuent de manière positive et très efficace à une bonne utilisation des ressources en eau, leur impact sur l’environnement, apparait moins évident.


D’ailleurs, nous avons choisi d’étudier le barrage de Sidi Salem étant donnée son importance. Il est le plus grand barrage en Tunisie et revêt un intérêt vital pour la sécurité alimentaire du pays. Il est situé dans la région de la moyenne Vallée de la Medjerda. La Medjerda est l’un des principaux fleuves du Maghreb, elle se caractérise par un écoulement permanent sur l'ensemble de son cours. Le fleuve de la Medjerda est équipée du plus grand ouvrage, au point de vue capacité de stockage et de l'étendue de la retenue, le barrage de Sidi Salem.

En matière de mobilisations des ressources d’eau, le barrage de Sidi Salem joue un rôle stratégique, depuis sa mise en fonction en 1981, la retenue de Sidi Salem sert à la fourniture d'eau potable, à l’approvisionnement en eau d'irrigation, et à la production d'énergie hydroélectrique. Au niveau de ce plan d’eau, s’ajoute aussi  une activité de pèche très importante.


Aujourd’hui, le développement des barrages réservoir, est un fait. Devenu une nécessité, la construction de barrages est accompagnée de plusieurs changements des milieux physiques et biologiques.

L’on se demande alors, étant donnée les spécificités de la région, quelles sont les Effets environnementaux du Barrage sidi Salem sur la région ?


Afin de répondre à notre problématique,  dans un premier temps nous étudierons les ouvrages hydrauliques en général. Dans un deuxième temps, nous prendrons pour étude le barrage de SIDI SALEM. L’attention sera portée sur le barrage de Sidi Salem, son rôle et son impact sur l’environnement.

Très tôt, avec la sédentarité de l’homme, l’aménagement des  rivières s’est avéré une nécessité. Pour satisfaire ses besoins en eau, l’homme a commencé à construire des barrages pour la conserver.
Les barrages permettent ainsi à l’homme d’adapter son environnement à ses besoins : collecter l’eau pour la consommation domestique, permettre l’irrigation des cultures, se protéger contre les crues en saisons de pluie, pratiquer la pêche, faciliter la navigation le long des cours d’eau, et enfin produire de l’énergie.
D’ailleurs, on trouve des traces de ces aménagements dans les civilisations les plus anciennes, comme par exemple en Egypte, en chine, au Mexique, ou encore en Inde et au Sri Lanka.  L'existence de la plupart de ces ouvrages est simplement attestée par des écrits qui nous sont parvenus.  
Les recherches archéologiques égyptienne montrent, que très tôt en Egypte aux environs de 2900 av JC, le Pharaon MENES, fondateur de la première dynastie Egyptienne aurait construit un ouvrage en pierre pour dérivé le Nil à Koseish. Ce rempart, pouvait avoir 15m de hauteur et 450m de longueur en crête, .pouvait protéger sa capitale Memphis et l'abriter des crues du Nil.

Figure : Barrage de SADD-EL-KAFARA (-2650 av JC) d'après SCHNITTER

Sous les 3ème et 4ème dynasties (2 650-2 645 av JC), le barrage de SADD EL KAFARA, a été construit sur l'oued Garawi, à 30 km au sud du Caire. Il s’agit de 2 murs de maçonnerie de moellons de 24 m d'épaisseur à la base, enserrant un noyau de terre de 36 m d'épaisseur, il avait12 m de hauteur et de 108 m de longueur et créait une retenue d'eau de 500 000 m3. Il fut très rapidement ruiné par submersion, car il ne possédait pas d'évacuateur de crues. On peut citer le barrage de MOERIS construit aux environs de 300 av JC dans une dépression naturelle du Fayoum à 80 km au sud du Caire. C
 
Notons par ailleurs que de nombreux   barrages apparaissent comme ceux construits en Syrie, Irak et Iran.  Sous le règne de SETHI 1ER (1 319 -1 304 av JC), par exemple, un barrage fut construit sur le Nahr El Asi près de HOMS en Syrie. C’est un barrage du type en enrochement. Il a 6 m de hauteur et 2000 m de long et il est encore en service aujourd'hui. 
En effet, très tôt quelques barrages ont été construits en Syrie, on peut citer le barrage de KHANOUQA, permettait d'irriguer la région de Deir-Ez-Zor dans la vallée de l'Euphrate par un canal attribué à la reine légendaire SEMIRAMIS, et enfin le barrage de RAS SHAMRA, construit au 13ème siècle avant JC assurait un rôle de réservoir et de rechargement de nappes pour alimenter les très nombreux puits de la ville voisine.


Restitution du barrage de KHANOUQA (Syrie), -1300 av JC D'après Calvet et Geyer



Restitution du barrage de RAS SHAMRA (Syrie), -1300 av JC D'après Calvet et Geyer.
 
La construction de barrages se continuera à travers les civilisations. Vers 690 av JC fut construit le barrage de BAVIAN, sur la rivière Gomel, il permettait la dérivation des eaux de cette dernière vers la rivière Khosr. Le roi NABUCHODONOSOR II construisit un barrage pour l'irrigation à ABBU HABBA au sud de Bagdad. DARIUS 1ER aurait aussi construit 3 barrages-poids près de son palais de Persepolis en Iran.
En se déplaçant vers la Méditerranée, il reste peu de choses en matière de barrages ou de travaux hydrauliques. La civilisation romaine fut florissante, sa préoccupation d'alimenter en eau leurs villes sur une grande échelle, les romains à été à l’origine de la construction de plusieurs barrage, surtout dans les provinces où ils s'étaient installés.
Les trois barrages connus en Italie, sont groupés près de SUBIACO à 25 km à l'Est de Rome. Ils auraient été construits par NERON. A KASSERINE, à 200 km au Sud de Tunis, les Romains auraient construit un barrage courbe destiné à alimenter en eau la ville de Cillium. Sa hauteur totale était de 10 m, son épaisseur en crête de 4,9 m, à la base de 7,3 m. Sa longueur était de 150 m. Il était déversant.
Par ailleurs, c’est en Espagne que fut construit, vers 25 avant J-C, le plus haut barrage romain, il s’agit du Barrage de Cornalvo situé au nord de Merida. Il est encore en activité et témoigne jusqu’à nos jours de son importance. C'est un ouvrage en terre, Il mesure 24 m de haut au centre, 220 m de long, et stocke 10 millions de m3.




Le Barrage de Cornalvo
Qu’est-ce qu’un barrage ? 

« Les barrages sont par définition des ouvrages hydrauliques disposés en travers d’un cours d’eau pour créer une retenue ou exhausser le niveau en amont, ces types d’ouvrages barrent sur toute la largeur une section d’une vallée et créer ainsi une cuvette artificielle géologiquement étanche ». (A. J. Schleiss et H. Pougatsch, 2011).
La construction de barrage tient compte d’un certain nombre de facteurs, tel que la forme de la vallée, le type de sols et de matériaux disponibles sur le site, l’historique de crues dans la région…etc. L’ensemble de ces éléments sont déterminants dans l’estimation de la durée de vie du barrage. De la sorte, différents types de barrages peuvent alors être construits.

Classification des barrages 

Un certains nombres de critères permettent la classification des barrages, à savoir les matériaux de construction et la façon de résister à la poussée de l’eau :

Les matériaux de construction : 

-Barrages rigides : en béton, béton compacté au rouleau (BCR), maçonneries.
-Barrages souples : en terre ou enrochement.

La façon à résister à la poussée de l’eau :

-Barrages à stabilité de forme (barrages voûtes) : D’abord, le barrage s’appuis sur une fondation rocheuse résistante. Ensuite, il doit reporter la poussée de l’eau sur les flancs de la vallée, c’est pourquoi il a une forme arquée horizontalement et verticalement.
-Barrage à stabilité de poids (barrages poids) : « un barrage poids est un barrage dont la propre masse suffit à résister à la pression exercée par l’eau. Ce sont des barrages souvent relativement épais, dont la forme est généralement simple (leur section s’apparente dans la plupart des cas à un triangle rectangulaire) » (A.Z. Bendimerad, 2011).

le choix du site et du type de barrage

Chaque barrage est en quelque sorte un prototype, en effet, la conception et le dimensionnement du barrage dépendent essentiellement de la spécificité du site.
Le choix du site et du type d’ouvrage dépendent des paramètres suivants :
- La topographie et les apports du bassin versant,
- La morphologie de la vallée,
- Les conditions géologiques et géotechniques,
- Le contexte météorologique et le régime des crues,
- Sismicité de la région.

Les Différents types de barrages 

On distingue ainsi trois types de barrages, ceux-ci sont définit par leur structure et le matériau de construction disponible.

Les Barrages en béton

-Barrage-poids (gravité)


-Barrages-voûtes


-Barrages à contreforts

-Barrages en béton compacté au rouleau


Les Barrages souples :

Les Barrages en remblais :

- Barrages en terre homogène

- Barrages à noyau

- Barrages à masque


Les  Barrages mobiles :



Édifies en aval des cours des rivières, où la pente est la plus faible, ces ouvrages ont une hauteur limitée. Afin de rendre les rivières navigables, les barrages mobiles sont utilisés dans l’aménagement des estuaires et des deltas.
Selon le type de construction on peut définir différents types de barrages mobiles, les barrages mobiles à aiguilles, les barrages mobiles à effacement, les barrages mobiles à battant, les barrages mobile à gravité…etc.



Tous les barrages construis avec des matériaux terreux sont appelés barrage en remblai. La disponibilité des matériaux à utiliser à proximité du site est l’un des critères de choix de ce type de barrage. Le barrage a une forme trapézoïdale, et forte emprise au sol, ce qui lui permet de reposer sur des fondations de qualité moyenne et de résister à la pression de l’eau grâce à leur poids.
Il existe trois types de barrages en remblais, en fonction du types de matériaux disponibles et des méthodes employées afin d’assurer l’étanchéité :
- les ouvrages en terre homogènes
-les ouvrages à noyaux étanches
- les ouvrages à masques amont

Les barrages en terre homogènes 

Remplissant aussi bien la fonction d’écran et de masse, ils sont construits avec un seul matériau, souvent argileux. Ce matériau présente deux caractéristiques essentielles, une étanchéité suffisante et une stabilité du remblai.
Ce type de barrage est surtout adopté pour la réalisation de retenue colinéaires et de petits barrages.

Les barrages en terre à noyau étanche 

Le choix d’un ouvrage à zones avec un noyau en argile, permet d’assurer l’étanchéité, surtout en cas d’insuffisances des matériaux imperméables disponibles sur le site nécessaire pour la réalisation du corps du barrage.

Les barrages en terre à masque amont 

Les barrages en terre à masque sont des remblais perméables avec un écran imperméable appelé masque placé sur le parement amont.
Le corps du barrage est construit avec n’importe quel matériau à condition qu’il peu déformable afin d’assurer la stabilité de l’ouvrage.
Le masque qui assure l’étanchéité peut être en béton, en produits bitumineux ou en géo membrane.

L’irrigation, l'Hydro-électricité, l’approvisionnement en eau, le contrôle des crues, la navigation et la pisciculture sont des raisons les raisons les plus courantes qui justifient et motivent les constructions de barrages dans le monde.

L’ irrigation des cultures 


- « Parmi les barrages à but unique, 48% sont pour l’irrigation, aujourd’hui les terres irriguées couvrent environ 277 millions d’hectares soit 18% des terres arables du monde pourtant elles produisent 40% des récoltes et emploient 30% de la population dispersée dans les régions rurales » Selon La Commission mondiale des barrages dans son rapport « Barrages et développement : un nouveau cadre pour la prise de décision »
La croissance démographique dans certaines régions du monde dont le climat est aride ou semi aride, exigent l’amélioration des techniques d’irrigations des et méthodes de conservation de l’eau. Par ailleurs, la construction de réservoirs supplémentaires pour l’irrigation s’avère une solution incontournable, pour faire face à l’accroissement de la production afin de satisfaire des besoins de plus en plus croissants.

La maîtrise des crues

-les barrages réservoirs jouent un rôle essentiel dans le réglage du niveau des fleuves, ils règlent le débit ascendant en stockant temporairement l'eau et en la relâchant plus tard, en cas de besoins.
« Chaque barrage est réglé selon un programme spécifique fixé sur le débit habituel afin de contrôler les flux d’eau sans causer de dommage. Pour cela, il faut diminuer le niveau du réservoir pour faire plus de capacité de stockage lors des saisons pluvieuses. Cette stratégie élimine les crues. Le nombre de barrages et leur système de gestion d'eau sont établis à travers une planification complète en faveur du développement économique et de l’implication du public. Le contrôle des crues est un des objectifs principaux de la plupart des barrages existant et en cours de construction ». Selon La Commission mondiale des barrages dans son rapport « Barrages et développement : un nouveau cadre pour la prise de décision »

production de l’énergie 

- « Produire de l’énergie, parmi les barrages à but unique 17% sont pour l'Hydro-électricité L'électricité générée par les barrages est de loin la plus grande source d'énergie renouvelable au monde. Plus de 90% de l'électricité renouvelable du monde provient des barrages » Selon La Commission mondiale des barrages dans son rapport « Barrages et développement : un nouveau cadre pour la prise de décision »
L'hydroélectricité offre aussi la possibilité unique de gérer les réseaux électriques grâce à sa capacité de produire rapidement en fonction des pics de demande.
Les usines de pompage-turbinage, utilisent l'énergie produite pendant la nuit, lorsque la demande est basse, pour pomper l'eau jusqu'au réservoir supérieur. Cette eau est utilisée plus tard pour produire de l'électricité, en période de pointe. Ce système constitue aujourd'hui le seul moyen de stocker de l'électricité de façon économique.
La construction d’ouvrages dans les cours d'eau est en croissance continue de part le monde.
Comme il a été exposé ci dessus, d’abord, un barrage constitue tout simplement un obstacle à l’écoulement des cours, puisqu'ils perturbent le libre écoulement des eaux. D’autre part, il se met à travers le transport des sédiments ou la circulation des espèces aquatiques.
Il en découle que dans la plus part des cas, la construction de barrages a été à l’origine des changements du schéma d'écoulement de l'eau et des modifications des habitats naturels.

Comment les barrages perturbent l’environnement ?

-En modifiant leur régime hydrologique
Les barrages impactent l’évolution du débit. Ceci affecte de manière significative les espèces présentes à l’aval du barrage, et en particulier celles qui vivent sur la berge dans la zone de marnage à la limite du niveau moyen des eaux.
-Stockent les sédiments et les polluants
 
Un des problèmes les plus importants c’est la modification du cycle érosion –transport –sédimentation, provoquant l’accumulation de matériaux dans les réservoirs et réduit les capacités déstockage. Ceci finit automatiquement par affecter les espèces occupant le milieu. et nécessite
Afin d’éviter le comblement de la retenue et la diminution associée de la réserve d’eau, il est nécessaire des opérations d'entretien périodique pour évacuer les sédiments  régulièrement les sédiments ouvrant les vannes de fond du barrage
Cependant, cette opération envoie vers l’aval des flux très importants de particules fines, souvent polluées, ce qui n’est pas sans conséquences surtout sur la rivière et ses usages.
-Obstacle aux déplacements des grands migrateurs
Les barrages peuvent constituer des obstacles pour toutes les espèces aquatiques. Ils introduisent aussi des modifications des conditions écologiques. Dans certaines régions, l’eau peut se réchauffer dans la retenue ce qui entraîne une diminution de sa concentration en oxygène, entrainant par la même un changement dans la capacité d’autoépuration du cours d’eau.

Bienfaits des barrages

Les barrages permettent un meilleur approvisionnement en eau

Les précipitations étant irrégulièrement réparties dans le temps et dans l’espace, Intercepter et stocker l’eau en excédent pendant les périodes humides s’avère la solution la plus efficace pour faire face aux besoins en eau en période de sécheresse.
En effet, pendant les saisons humides, les précipitations rejoignent majoritairement la mer ou l’océan sans participer à reconstituer les nappes souterraines, c’est pourquoi, intercepter ces volumes permet d’augmenter les ressources mobilisables.
Afin d’éviter le gaspillage, beaucoup de retenues d’eau ont donc été construites dans le but d’alimenter en eau potable des agglomérations importantes ou de développer des cultures dans des zones où ce serait impossible sans irrigation.

Un barrage peut limiter les risques d’inondation

Beaucoup de barrages ont été construits avec pour objectif principal ou la protection des agglomérations contre les risques d’inondation. Son rôle étant de maintenir le niveau des cours d’eau en retenant les précipitations et relâchant l’eau en période de sécheresse.
Le barrage permet ainsi de stocker un certain volume d’eau. Si ce volume est celui qui s’écoule pendant la période où le débit dans la rivière est le plus fort, le barrage peut donc écrêter la pointe de la crue et limiter ainsi la sévérité des inondations à l’aval.

Création de zone humide 


La construction du barrage crée une étendue humide, laissant apparaître, au fil des années, une zone humide. Cette zone en relation étroite avec la dynamique écologique des fleuves constitue un riche réservoir de la biodiversité
Introduction : quelques éléments d’histoire 
 
Depuis l'antiquité, l'homme a tenté de réduire les insuffisances et les irrégularités des précipitations en Tunisie en réalisant des petits ouvrages hydrauliques efficaces, ainsi que des gros aménagements. Les célèbres vestiges romains au Nord (Aqueduc Zaghouan-Carthage) et les ouvrages hydrauliques kairouanais de l'époque Aghlabite et Fatimide, constituent des témoins du rôle vital de l'eau. Parmi les techniques traditionnelles de mobilisation et de régularisation des eaux de surface, les "Jesours" des Matmata et les "Meskats" du Sahel occupaient une place particulière dans la conception de l'aménagement hydraulique du centre et du Sud de la Tunisie. (Nejla ben chikh )
Avec l'arrivée des Andalous au 17ème siècle les premiers ouvrages hydrauliques au sens strict du terme (barrages) ont été construits sur la Medjerda à Jedeida et à El Batan pour l'alimentation en eau d'une tannerie et d'une semoulerie (Ben Mammou, 1998).
Au début de la période de protectorat, le premier grand barrage a été construit sur le cours supérieur de l'Oued Meliane à Sidi Boubaker en 1925. La retenue de ce premier ouvrage de stockage, non équipé par un dispositif de dévasement, a connu un alluvionnement rapide et une réduction spectaculaire de sa capacité de stockage dès les premières années de son exploitation. Les résultats de cette première expérience de l'hydraulique moderne ont été pris en considération lors des aménagements entrepris au Nord du pays. Vers la fin de la période du protectorat (1954), deux grands barrages ont été construits sur les affluents de la Mejerda ; il s'agit des barrages Nebeur sur l'Oued Mellègue et de Béni Metir sur l'Oued Ellil. Sur le principal cours d'eau de la Tunisie, le barrage de prise de Laroussia a été construit en 1954. Les vocations de ces ouvrages étaient multiples: alimentation en eau potable (Béni Metir), protection des plaines contre les inondations (Nebeur) et création de périmètres irrigués (Laroussia). Des centrales hydroélectriques ont été prévues pour l'utilisation de la " houille blanche " emmagasinée dans ces barrages à la production de l'énergie électrique. (N ben chikh)
 
Au lendemain de l'indépendance, la politique des aménagements hydrauliques s'est poursuivie, pour satisfaire les besoins croissants en eau potable, le développement de l'agriculture irriguée et la protection des zones inondables. Les premiers grands ouvrages de l'indépendance étaient les barrages Nebhana mis en service en 1965 et Kasseb réalisé en 1966. Durant la même période, les principaux cours d'eau du Cap-bon ont été barrés par les barrages Chiba, Masri et Bezirik. Les cours d'eaux côtiers nord-est ont été également aménagés.

Les ressources en eau en Tunisie :

Aride sur les 2/3 de son territoire, la Tunisie se caractérise par la rareté de ses ressources en eau et par une variabilité accentuée du climat dans l’espace et dans le temps.
Au nord de la Tunisie la variabilité spatiale va de 400 mm à 1000 mm, au centre du pays a variabilité spatiale va de 200 mm à 400 mm et au sud du pays la a variabilité spatiale est de moins de 100 mm. (Ministère de l’agriculture en Tunisie)
1-2-1-Le climat tunisien est marqué par l'aridité. 
Les étages bioclimatiques de l'humide et du subhumide au nord ouest, où la pluviométrie est favorable, couvrent à peine 6,6% du territoire tunisien. Le domaine du semi-aride, couvre 16,4% du pays. Quant aux domaines arides et désertiques, ils couvrent les 77% restant du pays.

Une inégale répartition des ressources potentielles :

Le nord du pays est caractérisé par une assise géologique imperméable limitant les infiltrations. Par conséquent, la plupart des barrages qui servent à approvisionner en eau potable se trouvent au nord du pays.
Quatre vingt pourcent des ressources potentielles en eau de surface se trouvent au nord, ainsi que  la plus grande proportion de ressources utilisables de bonne qualité, c à d ayant une salinité inférieure à 1,5 g/l.
Quant aux eaux souterraines et notamment celles des nappes profondes, elles sont très importantes au sud. Ceci s'explique par le fait que la Tunisie méridionale est caractérisée par une topographie peu accentuée et les sols sont généralement perméables. Par conséquent, les eaux pluviales s'infiltrent et sont stockées en profondeur pour former les aquifères.

Les barrages en Tunisie :

Le premier grand barrage d’Afrique du Nord a été construit en Tunisie. C’est celui de l’Oued Kébir, à 70 km au Sud-est de Tunis, mis en eau en 1928 pour l’alimentation de la capitale. C’est un barrage en enrochements de 35 m de hauteur et sa capacité de retenue est de 20 millions de mètres cubes. Malgré son ancienneté et sa situation relativement peu favorable du point de vue pluviométrique, le barrage de l’oued Kébir a rendu d’énormes services pour l’alimentation en eau de Tunis que les sources et forages ne suffisent plus depuis longtemps à desservir.
On compte 38 barrages en Tunisie. Par exemple : Le barrage Barbara  ou barrage Zouitina est un barrage tunisien inauguré en 1999 sur l'oued Barbara, à quinze kilomètres au sud-ouest d'Aïn Draham. L'apport annuel moyen se monte à 74,528 millions de mètres cubes. L'eau du réservoir est principalement destinée à l'eau potable. L'ouvrage est interconnecté avec le barrage de Sidi Salem à travers le barrage de Bou Heurtma.
Le barrage de Beni Metir est un barrage tunisien situé sur l'oued Ellil, au sud-ouest d'Aïn Draham. Il porte le nom de Beni M'Tir, village qui le surplombe. Les travaux de construction ont commencé en 19461 et se sont achevés en 19532. On peut encore citer celui :Bezirk, Chiba, El Abid, El Aroussia, El Breck, El Haouareb, El Hamma, El Kebir, El Masri, Gamgoum, ou encore Sidi Salem objet de notre recherche.
Source : Ministère de l’agriculture En Tunisie
Le Tableau nous donne un aperçu sur l’emplacement, la capacité et le débit maximal des barrages existant au nord de la Tunisie.
Introduction :

En Tunisie, les ressources en eau se font en plus en plus rares. Pour cela un programme important de développement de retenues a été entrepris pour protéger les grands aménagements, tout en mobilisant une ressource en eau utilisable localement. Parmi ces moyens de mobilisation, on cite le barrage de Sidi Salem qui le plus grand barrage en Tunisie.
Le barrage de Sidi Salem est situé dans la région de la moyenne Vallée de la Medjerda.
Cet ouvrage assure l’irrigation des terres agricoles, contribue au développement humain de la région et joue un rôle important dans la satisfaction des besoins de la population. Mais il peut également engendrer de nombreux impacts qui sont de trois ordres: humains, économiques et environnementaux.
Aujourd’hui, un grand intérêt est porté sur les préoccupations environnementales dans la conception des barrages. De ce fait évaluer les conséquences du projet de barrage sur le milieu naturel est une devenu une nécessité.
Pour cela nous tenterons de répondre à la question suivante à savoir Quels sont les impacts de la construction du barrage de Sidi Salem sur le fleuve de Medjerda et son environnement ?

La zone d’étude

Le barrage de Sidi Salem, le plus grand barrage du pays, au point de vue capacité de stockage et de l'étendue de la retenue se situe le point de croisement des grands affluents de la Medjerda.
Appelé Bagrada dans l'Antiquité, la Medjerda est l’un des principaux fleuves du Maghreb, elle prend sa source près de Souk-Ahras, en Algérie, puis coule vers l'est avant de se jeter dans la mer Méditerranée, au golfe de Tunis.
La Medjerda s'écoule sur 482 km dont 350 km en Tunisie. Elle se caractérise par un écoulement permanent sur l'ensemble de son cours.
Le fleuve traverse trois types de plaines, la haute vallée zone faiblement montagneuse; la basse plaine, en aval de Jdaida, et enfin la moyenne vallée de la Medjerda, en aval de la retenue de Sidi Salem. La moyenne Medjerda est une zone faiblement montagneuse, elle est formée d’une succession de petites plaines reliées les unes aux autres par des sections de vallées très encaissées.


 Le barrage de Sidi Salem 

 Description de l’ouvrage



Le barrage de Sidi Salem est Le plus grand ouvrage hydraulique de la Tunisie, il a été construit en entre 1978 et 1982 en amont de la localité de sidi Salem, pour des fins agricole, hydroélectrique, alimentation en eau potable et récemment piscicole, il est aussi est conçu pour protéger la basse vallée de la Medjerda contre les inondations, en exerçant le laminage des débits de pointe, notamment lors des plus fortes crues.
La retenue du barrage de Sidi Salem (36°35’26’’N, 9°23’44’’E) prospectée est localisée sur l’oued Medjerda au Nord ouest de la Tunisie entre Oued Zerga et Testour. Ce site constitue le dernier verrou sur le cours de la Medjerda avant la plaine de la basse vallée.
Construit à 70 km en amont de la ville de Tunis, le barrage est la pièce maîtresse de l’aménagement du bassin de l’oued Medjerda. Il s’agit de la retenue la plus importante de la Tunisie avec un bassin versant qui couvre une superficie totale de 18192 Km2 et un volume de retenue moyen d’environ 485 Mm3. Le réservoir s'étend sur la Medjerda et sur les deux affluents situés sur sa rive gauche soit, d'amont en aval, l'oued Béjà et l'oued Ez Zerga. La retenue se subdivise en trois grands bassins : le bassin principal de la Medjerda et les deux bassins affluents, bassin de l'oued Béjà et bassin de l'oued ez Zerga.
Le barrage réservoir de Sidi Salem vise à fournir annuellement environ 550 hm3 d’eau régularisée, dont 10% pour l’alimentation urbaine et 90% pour l’irrigation, tout en amortissant les crues de la Medjerda pour protéger la plaine avale Il permet d'irriguer 14 000 ha de terrain au niveau de la basse vallée de la Medjerda et au Cap-Bon

-Caractéristiques de l’aménagement






Le barrage de Sidi Salem est en remblai, il est fondé sur des marnes et grès du Miocène. Il s’adapte bien à la structure géologique du site en effet, il est construit sur le flan d’une structure anticlinale affectant des alternances degrés et marnes. Son implantation a été choisie de sorte que son noyau étanche puisse se raccorder à une couche de marnes formant écran naturel en rive droite; la galerie de drainage suit le banc degrés perméables sous-jacent. Il a été ainsi possible de limiter le voile d’injections à la seule rive gauche ou la disposition structurale des couches était moins favorable. (M. MOUELHI «Adoption du projet de Sidi Salem à la géologie »)



Le barrage est une digue en terre haute de 70 m, longue de 340 m en crête, avec 2 grandes galeries de dérivation de 8,20 m de diamètre, réutilisées en vidange de fond (pour 640 m3 /s) et évacuateur de crues courantes (seuil libre en puits saturé à 690 m3 /s).



Il est muni d’un évacuateur de surface à 3 grandes vannes secteur totalisant 3 x 1400 = 4200 m3 /s de capacité d’évacuation. Il s’agit d’évacuateur de crues exceptionnelles, le recours à ces 3 vannes se fait en cas extrême et suite à une décision du président de la république.


*
Le seuil de la tour déversante, fixant le niveau de la retenue maximale permanente, était initialement fixé à la cote 110 soit 9,50 m sous les PHEE (Plus Hautes Eaux Exceptionnelles) 119,50 ; il a été remonté à 115 en 1999 ; les seuils des grandes vannes de surface sont à la cote 105, et leur ouverture doit être limitée en sorte de laminer au mieux les crues jusqu’à une cote de référence fixée à 118,50 (Plus Hautes Eaux Centennales). Une vanne d’irrigation (35 m3 /s en bas de la tour à seuil libre) complète le dispositif. L’usine est séparée.



Le lac s’étend sur une longueur totale de 42 km, couvre une superficie de 43 km2 et emmagasine un volume d’eau de 550 hm3 (augmentée à 625 hm3 en 1997).



Afin de lutter contre l’alluvionnement de la retenue, un organe de dévasement calé à la cote 72.5 m a été prévu pour soutirer les sédiments.
Les eaux emmagasinées sont restituées à la Medjerda soit par l’ouvrage d’irrigation ou par la centrale hydroélectrique par le biais de la prise de fond calée à la cote 75 m et par deux prises d’usine calées à la cote 89 et 97.5 m.
Les eaux restituées arrivent au barrage Laroussia pour alimenter le canal de la basse vallée et celui de la Medjerda- Cap Bon. Ce dernier passe par ghdir el Goula, station de stockage et de traitement de la société nationale d’exploitation et de distribution des eaux où sont prélevés les besoins en eau du grand Tunis ; le surplus étant transféré vers le Cap Bon.


Le barrage produit aussi de l’énergie de pointe, avec une centrale de 36 MW (80 m3 /s). C’est le seul barrage qui dispose d’une turbine en amont.


Tableau récapitulatif
Informations générales 
Début des travaux:2 juin 1977
 
Achèvement:30 novembre 1981
Type de construction
 
Structure : barrage en remblai 
Fonction / utilisation:Ouvrage d'alimentation en eau d'irrigation ou pour l'industrie
Barrage hydroélectrique
 
Situation de l’ouvrage 
Lieu : testour/Tunisie 
Contient : Medjerda 
Coordonnés : 36° 35' 26.83" N 9° 23' 49.61" E 
Informations techniques
dimension
hauteur73 m
volume de retenuemax. 1 000 000 000 m³
longueur de crête345 m
capacité de génération électrique40 GWh/a
 
 

- Activité agricole

-l’agriculture

Les céréales (blé et orge), les fourrages et l’arboriculture principalement les oliviers, constituent les principales activités de la région.
En effet, 72,9 % des terres cultivables sont occupées par la céréaliculture, c’est l’activité la plus importante la région. Ceci s’explique par l’abondance de l’eau et les bonne conditions édapho-climatiques.
La culture maraîchère présente n’occupe que 2% des terres cultivables.
La production des arbres fruitiers, y compris l’olivier est de l’ordre d’une moyenne de 7,1 t/ha.

-l’élevage

L’élevage constitue l’une des principales activités dans la région, principalement les ovins dont l’effectif est estimé à 2300 têtes et les bovins avec 650 têtes. Ceci s »explique par la topographie du milieu à laquelle s’adaptent les petits ruminants.
L’élevage des caprins y est aussi pratiqué dans la région, mais de manière moins significative.
L’aviculture et l’apiculture constituent aussi des activités non moins importantes, celles-ci qui font surtout partie des traditions de la population de la région.

-La Pisciculture dans le barrage Sidi Salem


L’exploitation des ressources halieutiques d’eau douce en Tunisie a connu un essor important, depuis les années 60 jusqu’à nos jours cette activité n’a pas cesser de se développer, plusieurs tentatives de développement de l'aquaculture furent ainsi réalisées.
Disposant de 3 grands barrages, Sidi Salem, Kassab et Sidi El Barrak, et plusieurs barrages collinaires, la région du Nord-Ouest en Tunisie connaît un développement important de l’aquaculture en eau douce, couvant de la sorte, une superficie totale de 11.000 hectares, soit un volume d’eau de 1.100 millions de m3.
Afin d'encourager l’activité halieutique dans la retenue de Sidi Salem, en 1991 un projet tuniso-allcmand a fait naître une activité nouvelle autour du barrage, organisée principalement par une communauté de pécheurs, et de mareyeurs.


Source : Ministère de l’agriculture en Tunisie (janvier 2019)

Aujourd’hui on récence 12 espèces : le gardon (Rutilus rutilus), le rotengle Scardinius erythrophtalmus), la carpe commune (Cyprinus carpio), la phoxinelle de la calle (Pseudophoxinus callensis), le silure (Silurus glanis), l’anguille (Anguilla anguilla), le cyprinodonte rubané (Aphianus fasciatus), la gambusie (Gambusia affinis), le gobie marbré (Pomatoschistus marmoratu), le sandre (Stizostedion lucioperca) et les deux espèces de mulet (Mugil cephalus et Liza ramada). Selon Exploralis.
Notons que, l’introduction d’espèce dans un environnement n’est jamais considérée sans risque pour l’environnement. Cependant, les poissons herbivores sont souvent introduits dans les barrages pour éviter la prolifération des macrophytes tandis que des carnassiers sont introduits comme prédateurs de contrôle.
C’est ainsi, que Le sandre ainsi que le blackbass, par exemple, sont communément introduits en tant que prédateurs de contrôle. En contre- partie d’une production piscicole globale plus faible, ils contribuent à garantir la stabilité du réseau trophique, de ce fait, l’introduction de sandre et de blackbass un effet globalement positif sur la faune ainsi que sur la pêche.
Cependant, le barrage de sidi Salem présente une carence remarquable en poissons autochtones. Ceci s’explique par la pratique d’une pèche artisanale et sélective, en utilisant des filets de pêche, des palangres et des nasses.

Il  faut d’abord souligner que l’introduction du barrage et du plan d’eau dans le paysage initial est toujours de nature à provoquer des modifications considérables dans la structure visuelle présente.
Avec la mise en eau ces barrages dans le bassin versant de la Medjerda, le régime hydrologique du fleuve Medjerda s’est vu modifier.
Cependant, La construction du barrage en 1982 a fini par créer une étendue humide, laissant apparaître, au fil des années, une zone humide stable qui s’étend sur plus de 400 hectares. Cette zone en relation étroite avec la dynamique écologique du fleuve Medjerda et constitue un riche réservoir de la biodiversité.

Impact sur le régime hydraulique des cours d’eau : Oued Medjerda

Depuis l'ouverture du barrage Sidi Salem sur le cours d'eau de la Medjerda, en 1982, une réduction importante du débit écoulé dans la basse vallée a été observée.
Le régime hydraulique des cours d’eau subit des variabilités témoignant dans ce cas l'impact des aménagements hydrauliques sur ces cours ; Ce qui explique la diminution du débit à Slouguia suite à la construction principalement les barrages : Lakhemes (1966),  Kassab (1968), Sidi Salem (1982) et Siliana (1987).
Des études montrent qu’avec la mise en eau ces barrages dans le bassin versant de la Medjerda, le régime hydrologique du fleuve Medjerda a été modifié.

L’évolution morphologique dans les rivières est le résultat d’une interaction permanente de plusieurs processus, dont les mécanismes d’érosion hydrique et de déposition des particules. Ces facteurs peuvent aussi expliquer l’évolution morphologique des rivières.
On note que plusieurs facteurs accélèrent le phénomène de l'érosion hydrique. En effet, parmi ces facteurs déterminants, on peut citer l’irrégularité climatique, la torrentialité des écoulements, la faible densité du couvert végétal aux abords des cours d’eau et la sur exploitation des terres, comme par exemple l’exploitation intensive des oliviers sur les rives du fleuve de Medjerda. 
Des études d’impact des aménagements hydrauliques sur la morphologie des cours d’eau appuient ce point de vue.
 
La première étude sous l’intitulé de « Impact des aménagements anthropiques sur le régime hydrologique dans le bassin de la Medjerda, Tunisie F. Kotti , G. Mahé, H. Habaieb ,C. Dieulin2, R. Calvez3 1 : Institut National Agronomique de Tunis », a eu recours à l’interprétation des images satellitaires Landsat pour les années 2003, 2009, 2011 et 2013. Par l’interprétation des images, l’étude a permis de cartographier les évolutions de la morphologie du bassin versant de la moyenne vallée de la Medjerda. Elle montre que les méandres du tronçon Sidi Salem- Laâroussia ont été affectés de façon progressive et croissante par le dépôt sédimentaire de part et d’autre des rives du lit mineur à cause des lâchers du Barrage Sidi Salem. Quant à la profondeur du lit, le creusement subit par le courant d’eau est remarquable au niveau de l’amont de barrage Laâroussia.

La deuxième Etude s’intitule « Etude des crues et du transport sédimentaire associé : application au bassin versant de la MEDJERDA M. MOHAMED GHARB, elle montre qu’En Tunisie, les problèmes d’inondation et de transport sédimentaire se posent de façon critique, en particulier au niveau du bassin versant de la Medjerda. Elle confirme que depuis la mise en service du barrage Sidi Salem (1981) sur le bassin de la Medjerda, des modifications du régime d’écoulement en aval sont apparues sous la forme d’une diminution de la débitance.
Cette diminution a eu pour conséquence d’abaisser la capacité de l’Oued à transporter les sédiments et de favoriser leur dépôt. Ceci a entraîné un engraissement du lit, et par conséquent, une occurrence accrue des inondations.
L’étude montre que la diminution de la débitance, résultant de ces phénomènes, n’est pas due à un apport solide supplémentaire, mais aux quantités de sédiments piégés par le barrage. Une conséquence directe est l’augmentation du risque d’inondation. Depuis la construction du barrage, le débit de débordement a globalement diminué, mais la modification du lit de l’Oued Medjerda laisse craindre un risque d’inondation majeur.

La troisième étude concerne la thèse de Mohamed Gharbi intitulée « Etude des crues eu transport sédimentaire associé –application au bassin versant de la Medjerda », selon laquelle, l’évolution morphologique de la Medjerda lors des crues est due essentiellement au phénomène du transport solide qui influence en grande partie son équilibre hydrodynamique. Ces changements dans la morphologie de l’Oued peuvent favoriser les inondations, menacer, déstabiliser les ouvrages hydrauliques, et de manière plus large perturber leur exploitation. Il démontre que , Sur le bassin versant de la Medjerda, une diminution sensible du débit caractéristique de crue, surtout après la mise en service du barrage Sidi Salem, a provoqué des modifications au niveau des caractéristiques morphologiques de la Medjerda se traduisant par une diminution très nette des sections de passage de l’écoulement. Le positionnement du barrage au niveau du cours d’eau principal provoque le blocage de transit sédimentaire de l’Oued et colmate le fond de la retenue.
Selon l’auteur, Le barrage piège une partie des sédiments (8 Millions de tonnes/an de matière en suspension mesurées à Sidi Salem avant la construction du barrage, contre 4,8 Mm3 de vase piégé annuellement par l’ouvrage).
Le colmatage des retenues entraîne une réduction de la capacité de stockage de l’eau et donc compromet son fonctionnement.



Par ailleurs, en période de crue, en cas d’ouverture des vannes du fond, des quantités de sédiments sortent du barrage et contribuent aux modifications de la géomorphologie de la Medjerda.



Impact sur la dynamique écologique du site

La construction du barrage en 1982 a créé une étendue humide, laissant apparaître, au fil des années, une zone humide stable qui s’étend sur plus de 400 hectares. C’est une zone caractérisée par la diversité des habitats dans un espace relativement petit. Cette zone est en relation étroite avec la dynamique écologique du fleuve Medjerda et constitue un riche réservoir de la biodiversité.

Les Caractéristiques naturelles du site

Le barrage de Sidi Salem est alimenté par plusieurs oueds: El Kassab, El Maleh, Raghay, Mliz, Mellegue, Tassa, El Hammam, Bou Hertma, Tibar…
La zone fait partie de l’étage bioclimatique semi-aride supérieur marqué par un été chaud et un hiver doux.
La pluviométrie moyenne annuelle oscille entre 400 et 450 mm avec une répartition saisonnière irrégulière. Des précipitations moyennes de 5,9 mm font du mois de juin le mois le plus sec. En janvier, les précipitations sont les plus importantes de l’année avec une moyenne de 84,7 mm. La région se caractérise par un hiver froid où la température moyenne est de 10,3°C et un été chaud où la température moyenne est de 30°C et peut atteindre 47°C aux mois de juillet et août. (Source Exploralis)
Grâce à un climat favorable et un substrat géologique plus ou moins riche, notamment sur les rives, la région présente une couverture végétale très diversifiée : on retrouve sur la rive Ouest du romarin, du thym, du calycotome et du ciste de Montpellier ainsi que des champs de céréales. La rive Est comporte cette même flore avec de l'acacia et une forêt de pinèdes très dense.
Deux types de falaises s’observent dans la zone :
- Les falaises rocheuses qui se situent tout au long des vallées principales qui découpent les plateaux et les massifs montagneux, constituant de véritables canyons, parfois très étroits
- Les falaises argileuses et sableuses
Les falaises sont des sites accueillants différentes espèces de grands rapaces et même d’autres petites espèces comme les martinets, les merles bleu, les moineaux , les guêpiers…

La couverture végétale



-Les forêts et les maquis : Les forêts constituées essentiellement d’Acacias située sur les rives, la forêt de pins enfin la forêt de cyprès. Quant aux maquis, il s’agit d’une formation végétale plus basse qu’une forêt, elle est cependant très dense ou clairsemée, et constituée principalement d’arbrisseaux résistants à la sécheresse et formant des fourrés épineux et inextricables. On y trouve deux principaux, un maquis bas clairsemé formé par un groupement de thym, de romarin, de ciste et de calicotome, couvrant les collines de la rive ouest du site, et un maquis dense arbustif, représenté par un groupement d’oléastres, de thuyas de Berbérie, de lentisques, de calicotomes et de bruyères arborescentes couvrant l’est du site.




Les forêts et les maquis jouent un rôle très important, d’abord ils contribuent à la protection des rives contre l’érosion en jouant le rôle d’un fixateur du sol et en amortissant les forts courants de ruissellement, d’ailleurs la foret d’acacia a été introduite suite à la construction de barrage. Ensuite, Au piégeage des sédiments et des feuilles mortes par la fixation de ces matières organiques.




-Les roselières sont des formations végétales caractéristiques des milieux humides ayant des niveaux d’eau et de salinité́ variables. Les plus communes les phragmitaies, les typhaies, les scirpaies littorales, et Les joncs. Les roselières jouent un rôle primordial dans l’équilibre naturel de cette zone humide, et notamment dans un écosystème biodiversifié qui compte parmi les principaux réservoirs d’eau potable dans le nord-ouest tunisien.



Source : Exploralis
Les roselières contribuent, d’abord à la protection des rives contre l’érosion, comme un brise-lame naturel, elles amortissent les forts courants de marée et de crue. Ensuite, le piégeage des sédiments, en effet, les rhizomes et les feuilles retiennent les matières en suspension. Et enfin, l’épuration du milieu en absorbant  les nutriments (azote, phosphore…), en participant  à l’oxygénation du fleuve (“poumons de la zone humide”).

La Biodiversité

En l’absence d’études comparatives se rapportant à la biodiversité avant et après la construction du barrage, nous nous sommes référer à des études d’inventaires de la biodiversité au sein du site.

D’ailleurs, selon une étude scientifique élaborée par l’association Exploralis, l’inventaire de la biodiversité effectué entre Novembre 2015 et Avril 2017, prouve que le site constitue un riche réservoir de la biodiversité. Le choix de rapport pour l’étude de la biodiversité se justifie par le fait qu’il soit le plus récent et le plus complet.

L’étude de cette zone montre que celle-ci comporte 13 types d’habitats différents, et accueille plus de 187 espèces d’oiseaux (,59 espèces sédentaires, 33 espèces estivantes nicheuses, 51 espèces migratrices de passage pré et postnuptial et 47 espèces hivernantes.) 28 espèces de mammifères (dont une dizaine des chauves-souris), 14 espèces de reptiles et 6 espèces d’amphibiens et plus de 400 espèces d’insectes (évalué à 16 Ordres, 53 Familles et 82 Genres).

En effet, en observant le site, pourtant pas très large, les scientifiques notent la présence importante aussi bien d’oiseux migrateurs que sédentaires, ils ont même remarqué la présence des espèces très rare comme le splendide aigle de Bonelli. Le secteur de l’Embouchure du barrage de Sidi Salem est une zone humide très favorable aux Amphibiens, Sur les 7 Amphibiens de la Tunisie, cinq espèces se rencontrent dans le secteur prospecté, ceci est un bon indicateur, surtout que les Amphibiens et les Reptiles, sont considérées comme étant de bons indicateurs des perturbations des milieux naturels et un modèle biologique utilisé pour étudier l’impact des changements climatiques et des activités trophiques sur la biodiversité. Parmi les mammifères, beaucoup de carnivores ont été repérés dont le loup doré, le renard roux, la mangouste, le chacal et les hyènes rayées.

L’ensemble des éléments cités ci-dessus traduit la richesse et l’importance de la biodiversité locale, au site du barrage de Sidi Salem.
La problématique en rapport avec les impacts environnementaux des barrages n’est pas nouvelle en soi. Sans cesse renouvelée, c’est une perpétuel interrogation au cœur de l’évolution de l’homme et son rapport à l’environnement. En effet, l’évolution des besoins de l’homme et sa tentation de dompter la nature afin de les satisfaire, parait être sans limite, mais aussi non sans conséquences.

C’est pourquoi le rôle et les fonctions des barrages se trouvent de plus en plus importants, mais aussi, en contre partie de plus en plus au cœur des questions traitant de la protection de l’environnement et de l’avenir de l’homme.
Ainsi, l’intérêt dans notre étude était, d’abord de comprendre le rôle et l’importance des ouvrages hydrauliques, à travers les civilisations, entant qu’outils de développement, mais aussi leurs impacts sur l’environnement. En effet, cet éclairage nous a permis par la suite de mettre l’accent sur le barrage de Sidi Salem, objet central de notre recherche.

Depuis l’origine des temps, les destinées des peuples et de l’humanité entière sont liées à l’eau et la gestion de l’eau. Les plus anciennes civilisations se sont installées aux abords des cours d’eau ou d’oasis.

Pour satisfaire ses besoins, l’homme a commencé à construire des barrages pour collecter l’eau, pour se protéger contre les crues en saisons de pluie, pour faciliter la navigation le long des cours d’eau etc... Le barrage, ouvrage hydrauliques, est disposé en travers d’un cours d’eau, il est tout simplement un obstacle à l’écoulement. De ce fait même si le barrage quelque soit son type, sa forme ou sa taille joue certainement un rôle socio-économique essentiel dans les sociétés, il peut avoir, cependant des effets négatifs l’environnement.

Même si de manière générale, il est implicitement admis que les barrages ont des impacts négatifs sur l’environnement, l’absence d’études scientifiques d’impacts des barrages sur l’environnement, en Tunisie, nous empêche d’avancer sur ce terrain de manière sure.

La deuxième partie de ce travail est ainsi consacrée à l’étude du barrage de Sidi Salem en l’occurrence son impact sur l’environnement. En effet, le barrage date du début des années 80, et c’est pourquoi aucune étude d’impact sur l’environnement d’avant et d’après le barrage n’a été réalisée. D’ailleurs, dans les années 80, les questions relatives à l’environnement ne se posaient même pas.

Aujourd’hui, on se rend compte que même les quelques études ayant plus ou moins touché à cette problématique s’avèrent un peu ancienne. Ainsi notre première difficulté était l’absence d’étude et données relatives à notre sujet. Nous sous sommes ainsi limités à quelques études, c’est pourquoi nous avançons de manière prudente que, la construction du barrage a créé une étendue humide et constitue par ailleurs un riche réservoir de la biodiversité. Qu'en est-il de la modification de la biodiversité avant le barrage. Par ailleurs, le barrage a provoqué des modifications au niveau des caractéristiques morphologiques de la Medjerda favorisant ainsi les inondations.

En définitive et à l’issue de notre étude, l’impact du barrage de Sidi Salem reste assez ambiguë, l’éternelle question serait de trouver un équilibre entre les actions nécessaires de régularisation des eaux de surface et les actions destinées à lutter contre des effets dommageables sur l'environnement.
https://journals.openedition.org/rga/400 

http://www.onagri.nat.tn/barrages 

https://agronomie.info/fr/les-barrages-en-tunisie/ 

http://www.glissquizz73.fr/sites/default/files/barrages1.pdf 

http://www.barrages-cfbr.eu/BackUp/Info/documentation/texte/pb2002/francais/pb2002-c1-p18.pdf 

http://ecolo.org/documents/documents_in_french/barrages-2010.pdf 

http://www.dfo-mpo.gc.ca/library/110174.pdf 

https://www.graie.org/eaumelimelo/IMG/pdf/barrages_et_continuite_def_cle41d152.pdf 

http://www.barrages-cfbr.eu/BackUp/Info/documentation/texte/pb2002/francais/pb2002-c4-p67.pdf 

http://dspace.univ-tlemcen.dz/bitstream/112/10494/1/Ms.Gc.Namane%2BNor.pdf 

https://www.google.com/search?sa=N&q=les+barrages+en+remblai&tbm=isch&source=univ&ved=2ahUKEwi0oLTL8J_gAhXAAGMBHTIcBAw4ChCwBHoECAMQAQ&biw=1024&bih=489 

http://www.barrages-cfbr.eu/IMG/pdf/2009__colloque_technique_11__goguel_et_al_colloque_shf-cfbr_2009.pdf 

http://www.environnement.gov.tn/fileadmin/medias/pdfs/projet_etude/PISEAU_II/FIES/PPI_Testour_Beja.pdf 

http://www.im2e.org/docs/jdd/oral_kotti.pdf 

https://www.researchgate.net/publication/299409645_Caracterisation_hydrologique_de_l'Oued_Medjerda_Tunisie_dans_le_
cadre_de_la_future_mission_spatiale_SWOT 

http://www.ira.agrinet.tn/imgcommon/files/RRA%2041%201%202017.pdf 

http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_30-30/32832.pdf 

http://www.jnsciences.org/agri-biotech/35-volume-27/136-etude-des-peuplements-piscicoles-de-la-retenue-du-barrage-de-sidi-salem.html 

http://www.utm.rnu.tn/visirech/Fr/utm/fst/DOWNLOAD_1504686300.pdf 

http://www.onagri.nat.tn/uploads/vigilance/vigilance-avril2018.pdf 

https://www.proc-iahs.net/377/67/2018/piahs-377-67-2018.pdf 

http://oatao.univ-toulouse.fr/17382/ 

http://best.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/1953-078-1668.pdf 

http://www.exploralis.org/wp-content/uploads/2017/05/17091607_RS_RVB.pdf 

http://www.hydrosciences.fr/sierem/produits/biblio/Monographies/N%C2%B06-Monographie%20de%20la%20Mejerdah.pdf 

https://www.issmge.org/uploads/publications/1/34/1985_04_0118.pdf 

https://www.erudit.org/fr/revues/rseau/2007-v20-n2-rseau1725/015813ar.pdf 

http://newmedit.iamb.it/share/img_new_medit_articoli/514_04elloumi.pdf 

http://www.israbat.ac.ma/wp-content/uploads/2017/04/Kotti%2011Mai%202017%20final.pdf 

https://www.oceandocs.org/bitstream/handle/1834/1072/th%C3%A8se_global_imed.pdf?sequence=1&isAllowed=y 

https://www.barrages-cfbr.eu/IMG/pdf/histoirebarrages.pdf
CE SITE A ÉTÉ CONSTRUIT EN UTILISANT